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7 juillet 2014

Pour elle !

 

Je ne pouvais pas rester silencieuse après ce qui s'est passé vendredi matin à Albi, moi qui fut pendant 34 ans institutrice en maternelle. Le meurtre de cette jeune enseignante m'a profondément choquée, bouleversée d'autant plus qu'elle avait l'âge de mes filles et qu'elle aussi était une jeune maman ! Je pense à son mari et à ses deux petites filles bien sûr, mais aussi à ses jeunes élèves (dont la petite fille de la meurtrière) qui ont assisté à cette scène horrible et qui resteront sûrement traumatisés de longs mois, voire même toute leur vie.

Pour exprimer ce que je ressens j'ai choisi de copier cette lettre écrite par une institutrice d'une autre école d'Albi que j'ai découvert grâce à Célestine et qui résume bien ma pensée !

 

Monsieur le Président de la République

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale

Madame la Rectrice de l’Académie de Toulouse

Madame la Directrice des Services Départementaux  
de l’Education Nationale du Tarn

Madame l’Inspectrice de l’Education Nationale d’Albi

Albi, le 5 juillet 2014

Mesdames, Messieurs,

Ce matin je me suis réveillée avec une sensation de vide au creux de l’estomac. Pas le vide qui fait habituellement suite à l’agitation d’une fin d’année scolaire. Pas non plus le vide qui laisse plus tard la place au repos bien mérité des vacances. Mais le vide de l’incompréhension d’un acte fou, le vide de la douleur face à l’atroce, et le vide d’une question qui restera à jamais sans réponse  : « Pourquoi ? ».

Comment a-t-on pu laisser les violences faites aux enseignants s’installer au sein même de nos écoles ? Qui a donné le droit aux parents d’élèves de nous demander, de façon condescendante voire agressive, des comptes sur nos méthodes pédagogiques, sur le cadeau de la fête des mères ou encore sur la sortie de fin d’année ? Qui les a autorisés à nous lancer des remarques assassines en réponses aux commentaires que nous nous permettons de faire concernant le travail, le comportement ou encore la santé de leurs enfants ? Qui a rendu possibles les insultes, les menaces ou les bousculades supportées par les enseignants au détour d’un couloir ? Qu’est-ce qui a permis de rendre envisageable dans l’esprit d’une mère le projet de poignarder la maîtresse de sa fille, en classe et en présence de ses élèves, parce que celle-ci était préoccupée par les retards et donc la bonne scolarisation de son enfant ?

Le fait que ce cas soit, fort heureusement, isolé ne diminue pour autant pas le degré surréaliste d’horreur de ce drame ; et ce qui, ce matin, me donne envie de pleurer, c’est que la sonnette d’alarme est tirée depuis bien longtemps. Les agressions d’enseignants deviennent monnaie courante tandis que leurs remontées au sein de notre hiérarchie demeurent, quant à elles, sans suite, si ce n’est cet éventuel et judicieux conseil : « Participez au mouvement et changez donc d’école ! ».

A quel moment un métier, une profession qui étaient sacralisés il y a encore moins d’un siècle ont-ils pu devenir à ce point dénigrés depuis lors ? Qui a mis dans l’inconscient populaire l’idée que le corps enseignant n’était constitué que de grévistes râleurs et fainéants toujours en vacances ? Comment est-il possible que nous, enseignants, soyons à ce point détestés et ce malgré le temps que nous donnons, les efforts que nous faisons et le travail que nous réalisons afin d’aider nos élèves, leurs familles et la collectivité ? Pourquoi le lien social que nous nous appliquons à tisser entre l’école et les familles n’est-il toujours pas reconnu à sa juste valeur ? Pourquoi les relations entre l’école, les services sociaux, et les services de soins ne semblent pas toujours fonctionner, dans l’intérêt des enfants, de façon optimale ? Ce sont d’ailleurs ces mêmes services qui, notamment pour des raisons budgétaires, en fermant les yeux sur des faits très préoccupants ou encore en passant sous silence certaines informations, créent par omission des situations dangereuses tant pour les enfants que pour les enseignants. A partir de quand les pouvoirs publics vont-ils enfin se décider à prendre leurs responsabilités et à faire ce que nous autres, enseignants, leur demandons simplement depuis tant d’années : être non plus entendus mais écoutés.

Aujourd’hui, je pleure avant tout le décès d’une collègue dans l’exercice de ses fonctions. Je pleure également ces deux petites filles et ce mari qui se sont réveillés ce matin, comme moi, avec ce vide au creux de l’estomac ; ce vide qui, eux, les suivra toute leur vie. Je pleure enfin la société dans laquelle nous vivons, et dans laquelle nos enfants vont grandir. Cette société française - berceau des droits de l’Homme, de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité - qui a laissé, depuis trop ; longtemps, monter en puissance les injustices, les inégalités sociales et les violences quotidiennes.

 

 

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Commentaires
N
bonsoir,<br /> <br /> après la lecture de votre papier, ce n'est pas le mot exact, totalement béotienne dans le vocabulaire de cet outil, j'ai découvert cet article deux jours plus tard<br /> <br /> http://rue89.nouvelobs.com/2014/07/07/lettre-soutien-militante-islamophobe-recupere-meurtre-dalbi-253497<br /> <br /> je ne sais pas comment vous le faire lire autrement que de cette façon, l'informatique possède trop de subtilités que je ne maitrise absolument pas<br /> <br /> mais le deuxième paragraphe m'a fait relire la lettre sous un angle totalement différent<br /> <br /> et me conforte dans l'idée de signer une pétition sur internet n'est pas sans danger<br /> <br /> l'adresse n'est pas trop longue à saisir, veuillez excuser mon incompétence<br /> <br /> depuis très longtemps je vous suis au rythme de vos mots, quel plaisir de voir vos petits-enfants grandir et vous suivre dans vos déplacements, j'attends noirmoutie avec impatience pour me rappeler la voix du petit train de pornic s'arrêtant devant la maison : "par beau temps vous pouvez voir le bois de la chaise "<br /> <br /> et vos tricots sont toujours super<br /> <br /> bravo pour votre retour en voiture toute seule<br /> <br /> veuillez m'excuser de non plus un commentaire mais d'une longue mise au point<br /> <br /> avec tout le plaisir de vous lire<br /> <br /> nanou 75
E
C'est bien d'en avoir parlé, j'ai été moi aussi très choquée par cet événement tragique... Je n'ai rien à ajouter de plus à cette lettre qui résume tout malheureusement !<br /> <br /> vivement
A
Triste de devoir vivre de telles horreurs !
H
Je trouve que le pays des droits de l'Homme devient dur, cette femme, la meurtrière aurait du se trouver dans une institution spécialisée, mais à force de faire des économies sur tout, la violence monte, des enfants sont à la rue, je pense souvent que ma Merveille, seule scolarisée pour l'instant, pourrait vivre la même chose...
M
Révoltée!
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